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en face du dernier possesseur, elles parleront des qualités particulières de ceux qui l’ont précédé ; et aucune réflexion blessante, aucune expression de grossièreté jalouse n’arrêtera la parole sur les lèvres de l’indiscrète panégyriste.

Ambroisine n’était pas cela, et Vaudreuse s’en était autant félicité qu’amèrement plaint, selon les circonstances. Quel parti prendre ? en était-il venu à se demander, depuis qu’il avait éprouvé la gène tyrannique dont il avait tracé un si touchant tableau au souper de Léonard, en présence de Stephen et d’Anatole.

— « Il est tout pris, lui aurait répondu un de ses trois amis : puisqu’elle veut sortir, ouvre-lui la porte. »

La porte était ouverte, le fiacre attendait dans la rue, les paquets étaient entassés sur les fauteuils ; Ambroisine, enveloppée dans son manteau, n’avait certes pas la pensée de jouer la séparation ; sa femme de chambre, prête à la suivre, était accoudée sur un carton. Et pourtant Vaudreuse ne prenait pas congé d’Ambroisine.

Après une heure passée à suivre les allées et les venues insignifiantes de Vaudreuse, Ambroisine se leva, s’approcha de son amant, et dégageant son bras de dessous son manteau, elle lui tendit sa petite main gantée :

— Adieu, monsieur.

— Vous partez donc, Ambroisine ?