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III


C’est une bien heureuse disposition d’esprit, celle que procure le jeu quand, après de nombreuses déceptions, il vous surprend par un gain disproportionné avec des pertes si vite oubliées. On revit ; on recouvre la vue et l’ouïe ; on manquait d’espace, et l’univers se déroule tout à coup sous vos pieds avec toutes ses richesses, immense paradis où aucun fruit n’est défendu. Il arrive même que le cœur est si puissant de l’énergie de l’imagination, qu’il est si plein jusqu’au bord, qu’il ne sait où pencher. Avec cet or, cet or divin, voyagera-t-on ? Ira-t-on en Italie, en Espagne, en Grèce ? Si l’on faisait le tour du monde ? Achètera-t-on une campagne sur les bords de la Loire entre deux bras du fleuve ? si l’on tirait quelques amis de la misère ? Quelle sublime conflagration de désirs s’établit dans le cerveau à la vue de cet or, rigoureux