Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Tu lui as répondu :


Accourez tous, venez entendre
Un ami de l’humanité.


— Je lui ai répondu à peu près cela ; mais elle a recommencé sa morale le lendemain, le surlendemain, tous les jours. Ces répétitions sont désespérantes.

— Vaudreuse cédera, dit Stephen.

— Il ne cédera pas, riposta Léonard.

— Il cédera, dit à son tour Anatole.

— Je la renverrai à son pensionnat, répondit à son tour Vaudreuse en buvant d’un trait un dixième verre de bordeaux. C’est conclu, c’est arrêté.

— Est-ce qu’elle sort du couvent ? demanda Stephen.

— À peu près. Je connus Ambroisine chez ma cousine à qui elle donnait des leçons de piano. Elle courait le cachet toute la journée, et le soir elle rentrait dans un pensionnat à la barrière de l’Étoile. Elle me plut, je lui convins, et je la pris avec moi.

— Mauvais système, fit observer Stephen.

— Hélas ! oui, répondit Vaudreuse en soupirant. Croiriez-vous que je l’ai surprise, malgré mes recommandations, malgré le soin que je prends de satisfaire ses moindres désirs, allant encore à ses leçons, et cela, m’a-t-elle répondu, pour ne pas perdre ses élèves !

— Quel genre ! s’écria Anatole.

— Ne prend-elle pas du tabac ? s’informa Stephen.