Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est pas de jour où vous ne rentriez sans l’argent que je vous vois prendre dans votre secrétaire : vous n’emporterez plus avec vous que quarante francs. »

— Et en gros sous ! s’écria Anatole.

— Non, en or, avec promesse de les rapporter, reprit Stephen.

— J’avoue que l’exigence est lourde, ajouta Léonard.

— Et ce n’est pas tout.

— Encore !

— Écoutez !

— Parle, Vaudreuse, cela soulage sur le bordeaux.

— Vous savez que j’ai cessé depuis un an de voir ma mère, tombée dans les excès d’une dévotion insupportable, si insupportable, qu’elle m’assommait tous les jours de sermons et n’avait que la faible prétention d’exiger de moi que j’allasse au moins tous les dimanches à la messe, à Notre-Dame-de-Lorette.

Avez-vous vu dans Barcelone ! chantonna Stephen.

Adieu, mon beau navire !… répéta Anatole.

Plus grave, Léonard entonna d’une voix de basse profonde : Pange lingua

— Or, Ambroisine n’a-t-elle pas projeté de me rapprocher de ma mère, en me disant que j’avais tort de ne pas imposer quelques sacrifices à ma manière de voir ; qu’il en coûtait peu de passer une heure à l’église, et dans une église charmante, où l’on entend de l’excellente musique et où l’on voit de jolies peintures ? Vous devinez comment j’ai accueilli sa proposition.