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— Pendant que vous dîniez hier au soir chez la duchesse de Briançay, M. Durosoy, votre homme d’affaires, est venu pour vous voir. Il m’a d’abord demandé si vous vous étiez occupé des trente mille francs qu’il vous faudra bientôt payer à M. Burnham, le propriétaire de cet hôtel, pour les trois années de loyer qui lui sont dues.

Cette conversation ne semblait guère du goût du marquis de Blancastel, surtout en un pareil moment, après la nuit orageuse dont il sortait. Valentine venait jeter de l’eau sur un naufragé.

— Mais M. Burnham, répliqua-t-il d’un ton assez aigre, M. Burnham est en Amérique ; à son retour en France, on lui payera ses trois années de loyer. Puisqu’il est en Amérique…

— Je sais bien qu’il est en Amérique ; mais…

— Pour Dieu ! attendons alors qu’il soit revenu ; attendons, attendons !

— C’est trente mille francs, mon ami.

— Nous l’avons déjà dit. D’ailleurs, puisque nous sommes sur ce chapitre agréable, il s’en faut de deux ou trois mois que la troisième année soit échue. Attendons, attendons ! Laissons donc cela, voulez-vous ? — Passons maintenant à un sujet plus présent et plus de mon goût. Chabert et Duportail déjeuneront ce matin