Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au bout de quelques mois de leçons, de contracter un superbe engagement avec le directeur de son choix.

— Et tu as cravaché ta panthère au retour ?

— Mon Dieu non ; pas plus que tu n’as tué ton rat. Je me suis borné à faire imprimer sa correspondance dramatique avec vignettes et encadrements et je la lui ai envoyée en volume.

— Bravo ! Et tu es libre ?

— Comme toi, Anatole.

— Que ne puis-je en dire autant que vous deux ! s’écria un survenant en se plaçant dans un troisième fauteuil autour du garde-feu.

— C’est bien facile, imite-nous, Léonard.

— Vous imiter ! Et le puis-je ? L’affection qu’on me porte est si désintéressée.

— Ah ! te voilà bien ! Tu crois être aimé pour toi-même. Monsieur est arrivé hier de l’âge d’or. Son habit est encore poudreux.

— Je n’ai jamais voulu être aimé autrement, Anatole.

— Ne dis pas de ces bêtises-là, Léonard. Nous ne sommes plus au collége ; il y a longtemps que nous avons traduit Ovide. Pour quel motif voudrais-tu être bienvenu d’une femme ? Ceux qui ne les indemnisent pas sont des