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I


La foule venait de rentrer dans la salle, le foyer de l’Opéra était désert. Aucun provincial n’était resté pour admirer les arabesques d’or, afin de rendre compte à ses amis du département. On allait jouer le dernier acte d’un ballet ; comment perdre la pirouette du dénoûment sans perdre à la fois tout l’intérêt des actes précédents ? Chacun donc avait repris sa place, au grand contentement des ouvreuses, empressées de renouer leur dernier sommeil aux trois ou quatre sommeils interrompus de leur soirée. Cette heure avancée est pleine de charmes pour les vrais habitués de l’Opéra ; leur digestion est faite, ils ont rempli leurs oreilles de la ration d’harmonie dont l’usage leur a fait un besoin, et contenté leur regard paresseux d’autant d’entrechats qu’il leur en faut pour rentrer chez eux sans remords. C’est le moment où les con-