Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fabry offrit le bras à Hélène, comme s’il avait eu l’intention de la faire témoin de la lutte innocente d’un tir aux pigeons.

— Jusqu’à la grille seulement, dit Hélène en acceptant le bras de Fabry ; je ne sors pas du jardin.

Et tous s’éloignèrent, laissant seuls Valentine et Adrianoff.

— Puisque vous daignez me retenir, débuta le plus tranquillement du monde l’excellent Adrianoff, puisque vous daignez me retenir, madame, pour me permettre de vous faire mes adieux…

Valentine, qui avait été occupée à regarder au fond de l’allée pour s’assurer que tout le monde s’éloignait, coupa vivement la parole aux compliments d’Adrianoff, et elle lui dit d’une voix que l’émotion, mille émotions, la crainte, l’amour maternel, le regret, le désespoir, allaient tordre jusqu’à l’étouffement :

— Vous retournez en Russie, monsieur Adrianoff ?

— Oui, madame, ce soir à neuf heures, et avec le regret de ne pouvoir rester plus longtemps en France.

— Et aussi avec la contrariété, je crois, de n’avoir