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pour déclarer solennellement votre divorce. Je ne vous cacherai pas qu’il dépend beaucoup de vous, monsieur, que ma demande soit ou ne soit pas accueillie favorablement. Notre sort, monsieur, est entre vos mains.

Encore une fois, Hélène fut forcée de solliciter quelques secondes de repos pour permettre à ses émotions de ne pas la dominer. Georges lui dit alors, dans un trouble au moins égal au sien et trahi par sa pâleur excessive :

— Je vous en prie, attendez d’être plus calme…

— Je suis plus calme. La loi belge, comme l’ancienne loi française sur le divorce, veut, pour que la séparation absolue soit proclamée… soit proclamée… que l’époux qui se plaint ait reçu l’injure au domicile conjugal. Comme c’est chez vous, madame, que j’ai reçu l’affront qui fait la base de ma plainte, et que chez vous n’est pas encore le domicile conjugal, M. de Blancastel a le droit de s’opposer à ma demande. Dans ce cas, il y aura contestation, lutte, procès, et le divorce peut même n’être pas accordé. Si, au contraire, M. de Blancastel ne forme aucune opposition ; si, pendant un temps indiqué par la loi, il garde le silence, il n’y aura ni bruit, ni procès, ni scandale, et, avant la fin de l’année, vous et moi, monsieur, vous et moi… nous serons entièrement libres. Le divorce nous aura séparés pour jamais.

Ce double cri échappa à Georges :