Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diatement donné rendez-vous ici pour quatre heures ; il est quatre heures cinq minutes, elle est arrivée. Adrianoff l’accompagne : ce brave garçon m’a dit qu’il serait bien heureux de vous serrer la main avant son départ pour la Russie. Oui, il accompagne ma femme.

— Que vient-elle nous apprendre ?

— Je l’ignore comme vous.

— Vous le savez…

— Je vous assure, Valentine…

— Vous le savez ; mais vous voulez me le cacher.

— Je vous jure…

— Voilà la cause de la sombre anxiété que vous avez apportée en venant ici.

— Je ne sais rien, mais je prévois beaucoup. Je prévois, d’après le silence qu’elle a gardé tout le temps qu’elle est demeurée à Bruxelles, et le style mesuré de la lettre qu’elle m’a fait parvenir hier, qu’elle s’est sans doute décidée à ne rien changer à nos rapports ; les choses se remettraient dans leur état primitif. Au lieu d’une jalousie hostile et brûlante, j’aurais autour de moi une jalousie sombre et froide. J’aurais enfin échangé un enfer