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riche pièce de soie argentée sur le métier d’un tisserand indien. Que de barques élégantes au bec d’oiseau vont d’une rive à l’autre, le soir, au murmure de la musique de Strauss, cachée dans les feuilles ! Que de propriétés étendent leur fin tapis de gazon jusque sous la gaze écumeuse du fleuve royal ! Quel éternel spectacle que ces lignes de wagons se précipitant, ailes déployées, naseaux en feu, sur l’abîme liquide creusé sous leurs roues, que ces convois de voyageurs venant de quatre points à la fois pour se mêler effroyablement sur ce point unique ; puis tout à coup, au moment où l’on croit qu’ils vont se broyer, quel tableau palpitant, de les voir s’élancer chacun sur sa voie et se perdre avec leur collier de lanternes dans les brumes rougeâtres de quatre horizons !

À peu de distance du pont, dans les méandres de Neuilly, un joli chalet sort de la verdure et de l’eau comme s’il était lui-même une production spontanée de cette vivace nature qui fait de tout à cet endroit : des joncs, des tilleuls, des saules, des îles, des presqu’îles, des lacs, des étangs, des jardins, des bois, des parcs, des prairies.

Notre vieille connaissance, Gabriel, le zouave, passait rapidement, aux premières heures de la matinée, devant le perron du chalet, taillé en arc courbe, à la manière chinoise, et s’adressant au fils de Valentine, après lequel il courait, il disait avec animation :