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qu’allaient trahir ses pleurs et ses gémissements mal étouffés, Valentine retint Georges prêt à sortir de cet appartement de douleur. Quelle femme n’eût eu ce mouvement instinctif, involontaire, de crainte mêlée de pitié, à l’aspect de tant de désolations d’amour ?

Georges s’arrêta sur le seuil : sa figure était pâle, ses yeux hagards, ses paroles brèves, sèches, tranchantes.

— Que me voulez-vous ? — N’êtes-vous pas la maîtresse de M. de Fabry ?

— Valentine s’affaissa au bord d’un divan ; elle descendit sur ses genoux comme si la vie se fût retirée de son corps. Elle vivait, elle ne bougeait plus.

Une femme écarta le paravent, et répondit à la face pâle et défaite de Blancastel :

— Non, monsieur, elle n’est pas sa maîtresse.

— Hélène !…

Hélène avait parlé.

Le silence qui suivit cette apparition d’affliction, de mélancolie et de larmes, fut long ; il fut poignant, il fut effrayant, il fut terrible. Jamais le drame domestique, le plus vrai ; le plus saisissant, n’avait étonné le cœur d’une scène semblable à cette scène. La vie était suspendue chez ces trois personnages, qui n’avaient plus qu’une même vie.