Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— À lui ! avez-vous dit ?

— À lui.

— Eh bien, je le tuerai !

D’un mouvement fébrile, Georges arma deux pistolets cachés sous son vêtement.

Valentine, folle de terreur, s’était jetée aux pieds de Blancastel ; de ses bras elle l’enveloppait suppliante, effrayante et belle ; une porte s’ouvrit doucement, Gabriel parut :

— Que va-t-il faire ? murmura le fidèle zouave prêt à s’avancer.

La voix de Valentine l’arrêta.

Georges ! Georges ! disait-elle, de quel droit le tuer ?

— Du droit… du droit du désespoir. — Ah ! tenez, vous avez raison, je ne suis qu’un homme grossier, sans usage, sans résignation… Je me fais pitié… (Il prit son chapeau pour sortir.) Allons ! que tout soit fini comme par la mort, entre vous et moi. Pourquoi suis-je encore ici ? Qu’ai-je à savoir de plus ?… Je suis depuis une heure chez M. de Fabry, dans l’appartement de M. de Fabry ; je parle insolemment d’amour à la maîtresse de M. de Fabry. Mais faites-moi donc chasser par ses gens !

Épouvantée des paroles décousues de Georges, Valentine, dont la tête n’était pas moins perdue, entre cet homme rempli de paroles déchirantes et une femme