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que je ne devais pas souffrir qu’un autre touchât à un passé… Il a sauvé ma dignité… Que maintenant celui qui a été si impudemment généreux avant l’heure agisse comme il vient de le faire, je n’aurai rien à dire… Désormais votre présent et votre avenir sont à lui… Aussi je me retire, et je vous jure que jamais…

Il s’approcha de Valentine, dont le visage, depuis quelques minutes, était caché par ses mains éplorées.

— Est-ce, lui dit-il, de la rougeur ou des larmes que vous me cachez en m’empêchant de voir une dernière fois votre visage ? — Valentine, je ne rétracte rien, je ne démens rien ; mais je ne veux pas vous laisser sous l’impression, trop humiliante pour moi, que je ne sais pas comprendre en homme d’honneur la position délicate, difficile, où vous êtes. Non ! je n’ai plus aucun pouvoir sur vous ! non ! je n’ai plus le droit de troubler votre nouvelle existence. — Allez ! la mienne n’a ce privilége sur aucune ; la mienne, que vous vous figurez si belle, si satisfaite…

— Taisez-vous ! interrompit Valentine effrayée. — Sa femme qui est là, pensa-t-elle.

— Ah ! reprit Georges, j’ai menti ce matin, quand je vous la peignais comme une succession sans fin de joies et de délices. J’ai menti par orgueil ; vous vous disiez