Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et qui donc devinerait ce qui m’arrive ? Je vous ai dit que j’avais acheté de ce cupide fermier, paysan ou jardinier, un enfant beau comme le soleil.

— Brun comme un Espagnol.

— Intelligent, cher Duportail, et affectueux autant que fier et résolu.

— Oui, oui.

— Voici ce que m’écrit Michaïloff. — Adrianoff lut la lettre de son intendant : — « Il est impossible que je vous taise plus longtemps le découragement où me jettent la conduite et le caractère de l’enfant que vous m’avez confié. Depuis Paris, il ne cesse de me dire des grossièretés de sa voix désagréable. Il est le fléau des voyageurs, qui m’ont forcé déjà plusieurs fois de changer de wagon. »

— Que veut dire ?… — Un enfant que vous prétendiez si aimable.

— Attendez. — Adrianoff lut encore : — « Comme vous n’ignorez pas que cet enfant est bossu. »

— Un enfant beau comme le soleil et qui est bossu : bossu comme le soleil, s’écria Duportail.

— Mais il n’était pas bossu quand je l’ai acheté !