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dit avec les battements de son cœur bien plutôt qu’avec sa voix, sans être entendu de Fabry :

— C’est aujourd’hui la fête de mon fils, faites-lui parvenir ceci de ma part : — une petite montre d’or bien simple. Qu’il soit aussi heureux de l’avoir que je suis heureux de la lui donner.

La petite montre d’or fut remise dans la main émue de Valentine. Blancastel s’éloigna ensuite, alla, chancelant comme un homme troublé par l’ivresse, à la porte du milieu ; arrivé au seuil, s’apercevant qu’il se trompait, il courut à une porte latérale dérobée, et il sortit par cette porte en disant, les regards pleins de sang et de larmes :

— Je les laisse ensemble !… ensemble !… Ah ! c’est affreux !…

— Monsieur de Fabry, dit Valentine dès que Blancastel fut parti, une explication claire et loyale est devenue indispensable entre nous.

— Madame…

— J’aurais dû vous la demander plus tôt ; mais, depuis trois mois, je n’ai pas vécu. La cause de cette inertie vous est connue : passons. Une secousse inattendue, violente, vient de me rendre à moi-même. Je puis maintenant penser, agir, parler, comprendre. Je parlerais sur-le-