Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous savez donc qui les a achetés ?

— Sans doute.

— C’est ?…

— C’est moi.

— Vous, Fabry ?

— Oui.

— Résolument, mon cher Fabry, vous avez un penchant pour tout ce qui m’a appartenu ; vous recueillez tous mes débris.

La phrase était acérée ; non-seulement elle toucha Fabry, qui fut renversé du coup, mais elle pénétra jusqu’au fond du cœur de Valentine. On voit jusqu’à quel point elle avait à se féliciter du changement de conversation provoqué par elle. C’est qu’il y a des positions qu’on appellerait à bon droit fatales, dont aucune puissance ne remuerait les assises ; elles sont comme ce fameux ciment créé et employé par les Romains : l’eau, qui amollit et détruit les compositions les plus dures, le durcit.

Fabry pourtant n’était que désarçonné : il remonta vite sur sa superbe personnalité.

— Beaux débris, répliqua-t-il à Blancastel, très-beaux débris ! Six chevaux, les plus fins, les plus purs de nos