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votre fête. Vous n’êtes donc pas chez vous quand vous recevez ?

Georges pouvait à peine se contenir devant cette persistance de Fabry à ne pas sortir d’un sujet de conversation dont chaque mot le raillait, le piquait au visage, le blessait au vif, le bafouait.

— Je suis chez moi quand je reçois ; vous m’aurez mal cherché.

— Je vous ai très-bien cherché, au contraire. D’ailleurs, je n’ai pas été seul à remarquer votre absence. Votre femme paraissait fort inquiète.

— Ah ! madame de Blancastel a daigné ?… dit Georges, pour dire quelque chose.

— Oui. — Une troisième fois M. de Fabry murmura : « Il n’y reviendra plus. » Sa gaieté, continua-t-il sur la ligne de fer qu’il poursuivait, s’est visiblement ressentie toute la soirée de cette contrariété, contrariété bien naturelle, convenez-en ; une jeune mariée !…

Il n’est pas besoin d’insister sur la situation d’esprit où se trouvait Valentine au milieu de ces deux hommes dont la haine voilée cherchait à chaque instant à déchirer la gaze transparente derrière laquelle ils se mesuraient des yeux. Elle souffrait de cette lutte dont elle était la