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Il m’a répondu sur-le-champ : « Pourvu que vous me donniez un beau cheval et un grand sabre pour me défendre contre ceux qui tenteraient de me l’enlever. — Mais votre papa et votre maman, les quitteriez-vous sans regret ? » Il a gardé un instant le silence ; il réfléchissait sous ses longues paupières… Puis il m’a dit en laissant tomber une larme sur mes mains : « Ils ne m’aiment pas ; pourquoi craindrais-je de les quitter ? »

— Brave enfant ! dit Chabert.

Et Duportail :

— Bien digne d’être habillé en Turc.

— Tais-toi, Duportail ! Et vous avez fait aussitôt votre proposition au père ?

— Je l’ai fait venir chez moi et je lui ai demandé s’il voulait me confier son fils.

— Et il a refusé ?

— Pas le moins du monde ! Il s’est informé seulement si c’était pour quelque temps ou pour toujours. Je lui ai répondu : « Pour toujours. — Alors on peut s’entendre, » m’a-t-il dit.

— Cœur simple, homme de la nature !