Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Plaisanterie à part, avez-vous trouvé votre héritier, Adrianoff ?

— Je l’ai trouvé.

— Et comme vous le vouliez ?

— Mieux que je ne l’espérais. Il est venu à mon bal accompagné de son frère, tous deux pittoresquement costumés en bergers tyroliens.

— Bon ! je vois d’ici votre embarras. Vous cherchiez un enfant, et il s’en est présenté deux.

— Erreur ! ce jeune frère était laid, chétif, grossier, grande bouche, teint blafard et cheveux rouges.

— Tuons-le tout de suite ; mais l’autre ?

— Ah ! l’autre ! un enfant charmant, brun comme un Espagnol, résolu comme un démon ; dans ses yeux, tous les signes de l’intelligence et du commandement.

— Le fils sans doute de quelque prince qui veut garder l’anonyme ?

— Du tout ! le fils d’un fermier ou de quelque chose d’approchant. Ce qui m’a ravi le plus en lui, ce sont ses réponses pleines de cœur quand je lui ai demandé s’il voudrait venir avec moi bien loin, bien loin de son pays.