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Duportail s’était déjà penché sur la table pour chercher un nouveau journal ; d’un accent distrait, il balbutia :

— Assez bien, je crois, assez bien ! Mais je te dirai qu’au fond cela m’est parfaitement indifférent. Du temps de Georges, je venais chaque matin lire ici les journaux ; je continue à trouver ici tous les journaux : pourquoi me mettrais-je en peine de savoir le nom de celui qui paye les quittances d’abonnement ?

— Évidemment, ajouta Chabert, celui qui les paye, c’est celui qui vient le plus fréquemment.

« République dominicaine, continua Duportail lisant à haute voix. — La grande armée dominicaine, composée de dix-sept hommes, a fait défection. Un des chefs s’est vendu à l’ennemi pour quinze cents francs et une barrique de rhum. »

Une troisième ou une quatrième fois, le journal s’envola des mains de Duportail.

— N’est-ce pas, Duportail ?

— Mais nous venons tous très-fréquemment ici, à commencer par Adrianoff, par Fabry, répondit Duportail sans sortir de son calme.

— Fabry ! s’écria Chabert, Fabry, dis-tu ?