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jouer un rôle important dans cette seconde partie de notre histoire.

— Tu n’as donc pas suivi le capitaine ? demanda le colonel à l’ancien soldat d’Afrique.

— Non, mon colonel : je l’aime bien, vous savez, mais il m’a laissé le choix de le suivre ou de rester ici. Je suis resté ici. Madame est si bonne ! Son père, le brave lieutenant Bernard, m’a si souvent donné là-bas des rafraîchissements dans le désert… du tabac et de l’absinthe ! Et puis j’ai vu que ça faisait plaisir au capitaine que je demeurasse à l’ancien quartier général. Mais voilà bien trois mois, mon colonel, que vous vous amusez à passer des lapins par les armes.

— Oui, mon ami, voilà juste trois mois aujourd’hui que j’ai quitté Paris.

Et le colonel promenait avec un étonnement curieux et inquiet ses regards autour de lui ; il aurait voulu que les meubles lui expliquassent un changement d’existence impossible à se faire dire, sans une grave indiscrétion, par un serviteur.

— C’est précisément, mon colonel, ce que madame me disait encore hier au soir. « Le colonel, qu’elle disait, se plaît beaucoup cette année-ci à la chasse. Il nous oublie. »