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aimez, madame… voilà la seule… l’unique cause de mes larmes. Oh ! croyez-moi bien, je ne l’aime plus !

Hélène ne se laissa pas entraîner.

— Je ne vous crois pas, madame ; oh ! non, je ne vous crois pas !… Et je remercie le ciel de m’avoir montré à temps l’erreur où j’allais tomber ; car vous ne savez pas, madame, le malheur qui en fût résulté pour ma vie, si, après avoir été confiante dans vos paroles, j’avais découvert plus tard, quand j’aurais été mariée, que vous aimiez encore M. de Blancastel. Il se fût élevé des pensées, des résolutions folles, désespérées, dans mon âme froissée.

Valentine, persistant dans l’opinion qu’elle voulait à tout prix enfoncer dans l’esprit d’Hélène, répliqua :

— Oh ! madame, madame, croyez-moi !

— Je crois vos larmes. Je viens de vous dire, dans une minute d’oubli, l’étendue de mon amour pour lui ; à cet amour mesurez les peines, les supplices de la jalousie, si vous l’eussiez allumée en venant me reprendre un bien que je croyais avoir légitimement acquis sur votre indifférence. La femme qui a osé venir chez vous, qui a osé affronter un entretien comme celui que nous venons d’avoir, n’aime pas à demi. Ah ! oui, mieux vaut cent