Page:Gozlan - Les martyrs inconnus, 1866.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est pas ma faute s’il n’en a pas été ainsi. Le caractère de M. de Blancastel, bon, irréprochable, tant que le devoir l’a contenu dans les conditions rigoureuses de la profession militaire, s’est transformé, altéré… dès qu’il a été en contact avec les habitudes de la vie parisienne. Avec les moyens de mener une existence indépendante, M. de Blancastel en a pris tous les caprices ; alors, ses entraînements trop exclusifs pour des plaisirs que je n’approuvais pas… son horreur pour des conseils que je me suis permis quelquefois de lui donner… l’ont détaché… éloigné… peu à peu de moi… J’ai fait entendre des reproches… des plaintes… je suis devenue importune… mon abandon s’en est suivi. J’ai pleuré… puis je me suis résignée… puis je n’ai plus aimé que dans le souvenir, et enfin… enfin, de la femme éprise… bien dévouée… il n’est plus resté que l’amie.

— Que l’amie ? demanda Hélène, le regard plongé dans les yeux de Valentine.

— Que l’amie, répéta celle-ci laissant tomber la voix.

— Ainsi, demanda encore Hélène sans faire dévier son regard, ce regard qui interrogeait l’âme de son interlocutrice ; ainsi vous verriez sans désespoir, sans douleur, une rupture devenue si facile ?

— Sans douleur, sans désespoir, madame.

— Et sans regrets ?