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la fois, comme celui de l’opium. Elle sentait parfaitement qu’elle n’habitait pas les palais qui montaient du fond de son imagination.

Il lui semblait par moments qu’une voix plus forte que la conviction, plus vraie que la vérité, lui disait au cœur : « Tout ce qui vous paraît être n’est pas ; votre mari vous aime et sir Caskil est un mensonge. » Que de fois les femmes, même les plus passionnées, entendent ce cri qui vient traverser leur ciel tout parfumé d’un bonheur adultère.

Si Tancrède ne se montrait pas aussi sérieusement jaloux qu’auparavant des assiduités de sir Caskil, quoiqu’il eût encore ses angoisses poignantes et ses tempêtes, c’est qu’il était convaincu, depuis la nuit de son feint délire, que lady Glenmour l’aimait autant qu’il l’aimait, et qu’elle ne prodiguait tant de preuves d’intérêt à ce grossier sir Caskil, fermier du cap de Bonne-Espérance,