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présence du seul homme dont l’humeur ronde, les manières franches et la verve exubérante l’avaient arrachée à un état de langueur qui l’aurait conduite à la mort. En lui se trouvaient à ses yeux un sauveur, un ami, une distraction perpétuelle, un miracle.

Elle jouait sans crainte avec une passion, quoiqu’elle sût fort bien comment il fallait la nommer depuis le délire de Tancrède, mais une passion que la force des choses allait briser, anéantir. Elle se donnait avec exagération de la liberté comme on donne du poulet et du vin de Bordeaux aux condamnés à mort. Dans dix jours elle n’existerait plus pour rien de ce qu’elle voyait autour d’elle.

Naturellement de l’hypocrisie se mêlait à cette gaîté trop excessive pour être entièrement vraie. S’il y avait du vrai, il y avait aussi de l’étourdissement. Ces deux éléments produisaient en elle un vertige heureux et triste à