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et la noblesse de cette âme mortellement blessée, car il lui était arraché par l’intérêt qu’elle portait à une femme qu’elle aurait pu sans crime ni aimer ni plaindre, elle fit demander Tancrède.

Depuis le retour de la campagne, elle n’avait pas quitté le fauteuil dans lequel elle achevait de consumer ses forces. C’est là qu’elle attendait un sommeil réparateur qui ne venait pas, en tressant des couronnes de fleurs artificielles avec d’anciennes parures de sa maîtresse. On sait qu’elle était excellente fleuriste.

Elle avait peu maigri, malgré l’activité du mal, mais son teint se recouvrait de jour en jour de la pâleur de la cire. Ses longs cheveux cendrés, défaits comme ceux des anges et mollement bouclés, se détachaient avec des nuances délicates sur le fond jaune-souci du vieux fauteuil. Le soleil se plaisait à venir la trouver à cette place. On dirait qu’il redouble