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lui lady Glenmour dans cette minute d’extase.

Son illusion fut des plus complètes.

À dix-huit ans qui n’a pas de ces illusions ? Ébloui, passionné, fou jusqu’aux larmes de cette preuve d’amour dans un lieu où tout commande la retenue, Tancrède s’agenouilla à demi dans le fond de la loge et alla poser ses lèvres sur la glace, à l’endroit où la réflexion reproduisait le bouquet de lady Glenmour. Pendant ce temps le comte de Madoc relevait la main de lady Glenmour et y posait ses lèvres.

L’amour vrai baisait une glace, l’amour menteur embrassait la réalité. Triste vérité ! charmante allégorie !

Si Tancrède, de sa place, ou plutôt dans son attitude, ne pouvait pas voir le comte de Madoc, le public, qui était beaucoup moins amoureux et moins distrait, s’aperçut de la scène un peu galante entre le comte de Madoc et la