Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 2, A. Lemerle, 1845.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pour la cueillir, il faut savoir se courber. Le comte de Madoc ne l’ignorait pas. On entrait chez lui à toute heure sans sonner, sans faire prévenir ; ses malles restaient ouvertes ; la clé était toujours à son secrétaire, l’or et l’argent traînaient sur les tapis. Les moyens qu’emploient d’ordinaire les personnes soigneuses, pour n’être pas volées, il affectait de les mépriser dans le seul but d’exaspérer l’audace, ou plutôt la facilité de se faire piller par les valets et les domestiques qui n’avaient garde d’y manquer. Son linge fin, ses habits, ses meilleurs cigares, ses bagues de prix disparaissaient à plaisir. Quel excellent caractère d’homme, disaient en parlant de lui les gens du château ; on abandonnerait volontiers ses gages pour le servir ! Ils étaient surtout flattés de la simplicité avec laquelle il s’habillait ; il était excessivement propre, et voilà tout. Il ne passait pas sa matinée à nouer méthodique-