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francs que vous prétendez lui avoir gagnés.

— Que je prétends lui avoir gagnés !… Toujours le même doute injurieux…

— Eh ! ne voyez-vous pas, s’écria le chevalier, que le major de Morghen ne menait à Paris une vie aussi dissolue, aussi scandaleuse que pour accomplir le serment qu’il avait fait sur le cadavre de son père, celui de se damner en punition de l’exécrable crime dont il s’était rendu coupable. Chacune de ses actions tendait directement à ce but ; il s’était remis avec sa maîtresse, il avait repris son ancien genre de vie ; il jouait à pleines mains un argent qu’il avait volé à ses cousins à l’aide d’un assassinat, d’un parricide, pour obtenir plus sûrement sa damnation éternelle. Il n’aimait plus cette femme, cause de ses malheurs ; il abhorrait la débauche, conséquence du jeu : il exécrait le jeu, mais il faisait semblant de céder à toutes ces passions. Par là il s’assurait