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pieusement les bons parents allemands, et ni la pensée ni le soupçon ne vinrent à leur esprit que le jeune major de Morghen avait pu devancer l’exécution des décrets de Dieu.

Ils prirent part à sa feinte douleur, et, comme lui, ils se vêtirent de deuil.

Le parricide ne demeura pas tout à fait sans effroi ; ses mains étaient agitées d’un tremblement nerveux qu’il ne parvenait pas à faire cesser. Il allait et venait sans trop savoir où. Son unique pensée était de voir bien vite enterrer son père, afin de pouvoir partir tout de suite. Il irait en France, de là il écrirait pour qu’on vendît ses biens. Avec l’or, l’immense quantité d’or qu’il toucherait de cette vente, il vivrait à Paris, il s’étourdirait, il se distrairait. Il appellerait autour de lui tous les plaisirs d’autrefois, le jeu, les flamboyantes nuits de fête, Mousseline, ses amies. Mais il fallait d’abord rendre ce cadavre à la terre…