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reprit vivement sir Caskil. Je vous renvoie le reproche, et vous le méritez.

— Moi, sans courage ?

— Comme il vous plaira, répondit sir Caskil en posant la pointe vigoureuse de son pied dans l’étrier et en montant lestement sur Nedji, qui fléchissait, pour la première fois, sa croupe onduleuse sous l’étreinte de l’homme.

Indigné, effarouché, colère de tant d’audace, le cheval africain baisse les naseaux jusqu’à terre, laisse traîner sa crinière dans l’écume de sa bouche et dans le sable de l’arène et attire sur son poitrail plein de hennissements le téméraire cavalier. Le second bond de Nedji fut le redressement effrayant et subit de son corps sur ses jambes de derrière, suivi d’un écart horizontal qui fit pousser un cri de terreur à tous les spectateurs de cette scène, dont les grandes batailles de Lebrun seules peuvent donner une idée. Ce terrible cheval,