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l’avais prié comme fait, du reste, tout le monde, mais je ne savais pas si j’y croyais. J’admettais, je cultivais ce sentiment pieux, consolant, mais il n’était pas descendu avec empire dans mon âme. J’allais à lui, mais il ne venait pas à moi. J’avais besoin même de ne pas raisonner davantage ma certitude, de peur d’avoir à demander avec un accent d’amertume, et cela est mal, pourquoi sur la terre l’intelligence, la vertu, la bonté, restent si souvent sans but, sans réponse, sans raison d’être ; ce qui faisait dire au métaphysicien Hobbes, dont j’ai trouvé les œuvres dans votre bibliothèque : Oui, Dieu existe, mais il est souvent en voyage. L’amour m’a soudainement illuminée ; il m’a convaincue, il m’a répondu sans que je l’aie interrogé. Ainsi, parce que j’aime, je crois que Dieu a pris soin de verdir les champs et de dorer le soleil, de faire murmurer l’eau sur