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que nous la représentent les peintres symboliques du seizième siècle. Elle avait dû être jolie à l’époque de la publication d’Adolphe, par M. Benjamin Constant. Quand elle riait, ses dents de phoque se détachaient en nombre impair sur un fond violacé qui indiquait que celles qui n’existaient pas étaient vraies, et que celles qui existaient étaient fausses.

Les deux jeunes gens portaient sur leurs visages l’insignifiance absolue de leurs semblables. Il y avait en eux de l’automate, du mannequin et du martyr. Leur santé était florissante, mais ils étaient morts sous certain rapport.

Habitués à ne pas penser, à ne pas se mouvoir par eux-mêmes, ils ne parlaient plus, ils murmuraient ; ils ne riaient plus, ils souriaient ; ils ne marchaient pas, ils suivaient. Leurs regards avaient le terne de leur existence d’ombrelle ridée, de tabouret fané et d’écran déteint. Ils obéissaient au geste, au