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cartes de visite. Sa profession réelle était d’aimer. Mais quoi ? Tout. Le plaisir d’abord et le plaisir ensuite. Elle aimait à avoir un bel appartement, une jolie voiture, des femmes de chambre, un bon cuisinier, un groom et à recevoir chez elle les gens qui l’amusaient par leur esprit et leur gaîté. Elle n’aurait jamais conquis ces avantages en restant chez elle à peindre des éventails, sa première profession. En montant sur les planches d’un théâtre, elle eut ce qu’elle voulut avec une facilité dont elle fut elle-même effrayée. Elle ne pouvait pas encore deviner, car elle était trop jeune pour cela, qu’elle serait un jour une célébrité du genre, la première parmi une classe de femmes qui devait plus tard abonder à Paris et suivre son exemple ; une de ces individualités dont il ne faut pas chercher le portrait dans La Bruyère, car elles n’existent que depuis quelques années. Elles ont à la fois la beauté, l’es-