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poser le baiser mystérieux. La Galathée anglaise marchait, elle respirait, elle parlait, mais elle ne vivait pas, car elle n’aimait pas.

L’absence de cette passion donnait peut-être à son corps la langueur dont il semblait frappé comme d’une maladie mortelle. Lady Glenmour, avec cette vive exubérance, toute de jeunesse et de santé, ne marchait presque pas ; si elle sortait à pied, c’était pour aller jusqu’aux premiers gradins gazonnés du parc, qui commençait au-delà de la pelouse, c’est-à-dire à trois cents pas environ du château. Assise dans son fauteuil, elle lisait pendant les heures du jour où elle ne recevait pas, ou bien elle faisait de la musique à son piano. Son plaisir… Elle ne paraissait avoir aucun plaisir, pas même celui de se savoir belle, admirée ; grand avantage qu’ont les femmes sur les hommes qui ne sont pas femmes.