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iv


Un jour Marine entra dans le cabinet de M. de Canilly, et sans plus de façon elle se carra dans un fauteuil, en face de celui du comte.

— Tu ne verrais pas, commença-t-elle par lui dire, non tu ne verrais pas, monsieur le comte, avec toute ta science, la statue de saint Christophe entre les deux tours de Notre-Dame, la Samaritaine sur le Pont-Neuf, et un bœuf nageant dans ton bouillon.

— Ma chère Marine, répondit le comte, le temps est trop précieux pour le perdre en paraboles.

— Paraboles ou fariboles, tu t’occupes plus, reprit Marine, de ce qui se passe dans le ménage du grand-turc que chez toi.

— Et que se passe-t-il donc chez moi ?

— Il se passe, monsieur le comte, que notre fille maigrit, comme lorsque je la sevrai.

— Casimire n’est pourtant pas malade !

— Tu crois donc que les jeunes filles ne sont malades que quand elles ont la goutte. Elles ne sont pas malades de cette manière-là. Elles mangent et elles sont malades, elles dorment et elles sont très-malades.