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le dragon rouge.

Son influence se mesure à la quantité de protégés qu’elle a et d’ennemis qu’elle s’attire.


Ses décorations, ses titres, ses pensions sont les pensions, les titres, les décorations accordés à ses favoris.


Par peur de voir sa réputation compromise elle ne doit pas céder aux menaces ; du jour où elle fléchit, elle est morte : c’est une plante.


Autant vaudrait pour elle se noyer que d’épouser un homme qui ne fût pas de qualité. S’il était possible, il faudrait que l’épagneul d’une femme de cour fût gentilhomme.


Son mari doit être son admirateur dans le monde, un inconnu pour elle à la cour, tout ce qu’il pourra ailleurs et le reste du temps.


Elle ne doit pas être jalouse de son mari ; s’ils sont jaloux l’un de l’autre, ils seront l’un à l’autre leur plus mortel ennemi. On les trouvera étranglés avec leur chemise.


C’est cruel, mais c’est ainsi. Il est indispensable que l’un soit le jouet, la victime de l’autre, du moins aux yeux du monde. De préférence, c’est le mari qui doit être la victime. C’est à lui à s’arranger pour n’être que ridicule.


Le plus beau côté d’une femme bien en cour est de savoir rendre un service tout simplement, et de paraître éprouver une contrariété très-vive lorsqu’elle feint de ne pouvoir obliger. Par ce moyen on la croira très-généreuse quand elle n’agira qu’avec réflexion.


La femme qui oblige avec enthousiasme fait trop de cas de la personne et pas assez de la chose. Elle fait douter par là de la valeur du service.