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le dragon rouge.

— Voilà votre affaire : vous avez tué la louve, entendez-vous ? Marchons ! la société de madame la princesse Zymirska nous attend. Une petite place, je vous prie, sur la croupe du cheval.

Après avoir attaché la louve à la queue du cheval, le commandeur et son frère rentrèrent dans Varsovie.

Ils arrivèrent en quelques minutes à l’hôtel de la princesse Zymirska, où ils étaient attendus avec anxiété.

— Messieurs, dit le commandeur en présentant son frère à l’assemblée, je vous ramène le vainqueur. Voilà la louve ! Il la montra étendue, le poil plein de neige et de sang, dans l’antichambre. Je suis arrivé trop tard sur le champ de bataille. Mon brave frère avait tué la louve, et le loup était déjà parti.

Le marquis de Courtenay alla recevoir un baiser de Casimire, ainsi que l’avait exigé madame la princesse Zymirska.

Pour cacher le sang dont son épaule était rougie, le commandeur s’enveloppa dans son manteau. Une demi-heure après il demanda la permission de se retirer.

Le marquis de Courtenay fut le héros de la soirée, qui se prolongea jusqu’au jour.

Par cet exemple, et mille autres qu’on citerait, on voit que la vie du commandeur était une perpétuelle et silencieuse surveillance exercée sur la débilité morale et physique de son frère aîné, le marquis, beaucoup trop évaporé pour remarquer la beauté de ce dévouement.