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le dragon rouge.

l’honneur de vous demander ma main, car il est décidé à aller bientôt à Paris. C’est un compte qu’il prétend régler avec vous, ajouta-t-il en souriant, et son sourire me rassura. Dans votre réponse vous m’enverrez, n’est-ce pas, le pardon de Tristan. Ne le faites par trop attendre, mais écrivez-nous, écrivez-nous !

« Léonore. »

— Où étais-je donc ? dit la marquise en éclatant ; je serais partie, je serais allée à Madrid. J’aurais vu ce don Alvarès. Ah ! je ne voudrais pas avoir la pensée que j’ai en ce moment sur cet Alvarès !

Et ta pensée à toi, Marine, quelle est-elle ?

Marine baissa la tête ; puis, la relevant avec un éclair de salut, elle dit :

— Mais quelqu’un veille auprès d’eux. Ces deux lettres d’une personne inconnue…

— Eh bien ! dis ! de qui crois-tu qu’elles sont ?

— N’est-ce pas leur père, n’est-ce pas ton mari qui te les aurait écrites ?

— Monsieur le marquis de Courtenay est mort depuis longtemps, murmura la marquise.

Encore cette lettre à lire, ajouta-t-elle, et nous n’aurons plus rien à savoir. Elle est de Tristan.

« Du courage, ma mère ! L’homme qui m’a gagné huit cent mille livres au jeu, ce don Alvarès vient d’enlever ma sœur Léonore pendant la nuit de la dernière fête. J’ai su trop tard qu’Alvarès n’était pas son nom, que son industrie était le jeu, et qu’il était méprisé à Madrid pour avoir déserté un jour de combat dans la dernière guerre des Espagnols et des Portugais. Je ne reparaîtrai devant vous, ma mère, qu’après avoir vengé l’honneur de ma sœur.

« Tristan. »

— Crois-tu qu’il y ait un Dieu ? dit la marquise en regardant Marine.