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le dragon rouge.

— Eh bien ! Marine ?

— Ah ! ma pauvre fille, lui dit Marine, tu ne savais donc pas que les femmes n’ont pas le droit d’entrer dans le couvent de Saint-Maur ?

— Quoi ! tu n’es pas entrée, tu n’as rien vu, tu ne sais rien ?

— Je suis entrée, oui, je suis entrée…

— Et puis ?

— Je suis entrée, mais au parloir seulement.

— Au parloir, soit ! répéta Casimire.

— Un moine est venu.

— Oui.

— Je lui ai dit : Je veux voir le commandeur de Courtenay.

— Après, après ?

— Le Seigneur soit avec vous, m’a-t-il répondu, mais je ne sais ce que vous voulez me dire.

— Et toi, qu’as-tu dit ?

— Moi, je lui ai dit que j’avais cette lettre à lui remettre de la part de sa belle-sœur, madame la marquise de Courtenay.

— Qu’a-t-il répondu ?

— Encore une fois, la personne que vous cherchez n’est pas ici.

— Mais où est-il donc alors ? s’écria la marquise. Ensuite, ensuite !

— Ensuite ! les matines ont sonné, et le moine m’a quittée.

— Ainsi, rien ! rien ! Oh ! mon Dieu ! rien ! dit la marquise une troisième fois, d’une manière sèche et poignante.

— Ma fille, voilà ta lettre, je te la rends… Voilà… Mais où est-elle ? Marine fouillait dans ses poches… C’est singulier !… elle était bien là ou là, dans celle-ci ou… Mais rien, ni dans d’une ni dans l’autre poche. Que veut dire ?…

— Tu m’effraies ! L’aurais-tu perdue ! Perdue ! Si on la trouvait ! Cherche ! mais cherche !

Marine eut beau chercher, la lettre ne se trouva pas.

— Oh ! si elle tombe dans les mains de quelqu’un ; si l’on y lit…