de lui, et il aperçut, debout sur un accident de terrain, son frère le commandeur. Celui-ci le tenait sous la fixité de son regard avec une domination si grande que quelque chose de sa divine énergie, électricité, fluide du courage, courut dans les veines du marquis. Il se dit : — Allons, il faut mourir, mon frère le veut.
Les deux adversaires s’avancèrent lentement l’un vers l’autre, Raoul sans perdre un instant de vue la poitrine du marquis ; celui-ci en suivant machinalement l’impulsion qu’il semblait recevoir de la présence de son frère le commandeur.
Ils n’étaient plus qu’à quinze pas d’éloignement : à cette distance il est rare que la balle dévie, pour peu que la main soit calme.
Ils s’avancèrent encore de deux pas chacun de son côté.
— Notre honneur va être sauvé, murmura le commandeur en tenant son cœur dans sa main. Mais ils devraient tirer, dit-il presque assez haut pour être entendu.
Dans le plus profond silence les témoins attendaient.
Raoul et le marquis avancèrent encore.
Ils ne sont plus qu’à cinq pas de distance.
— Je crois que mon frère s’évanouit, murmura le commandeur ; il se renverse en arrière, il va tomber ; il tombe !
Il s’écria :
— Monsieur le marquis de Courtenay ! Monsieur le marquis de Courtenay !
— Silence ! crièrent les témoins, silence !
Le marquis de Courtenay s’était en effet penché en arrière afin de mieux assurer son point de mire.
On entendit le bruit simultané de deux détentes et de deux coups de pistolets retentir.
Raoul vacille comme un jonc.
Le marquis reste immobile.
Les témoins accourent vers eux.
La balle de Raoul avait frappé la poitrine du marquis ; mais le coup avait porté obliquement, la balle avait rencontré une