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le dragon rouge.

père, comme pour qu’il résolût la question de vengeance, plus fermement posée que jamais depuis le retour du spectacle, entendit sonner minuit, une heure, deux heures, sans voir revenir ni son mari, ni le commandeur.

À trois heures, les portes de l’hôtel s’ouvrirent. La marquise se leva. Le commandeur et le marquis de Courtenay entraient au salon.

— Eh bien ! dit-elle ?

— Eh bien ! répondit le commandeur, c’est pour demain, à quatre heures de l’après-midi.

— Vous vous battez. Qui de vous se bat ?

— Tous les deux ? répondit le commandeur. Nous avons passé la nuit à réunir nos témoins.

— Tous les deux ! répéta la marquise. Vous aussi ! s’écria-t-elle, sans qu’on pût dire si c’était le marquis ou le commandeur qui lui arrachait ce cri d’étonnement.

— Mais… bégaya le marquis de Courtenay, qui crut l’avoir inspiré, mais j’espère encore…

— N’est-ce pas au mari à défendre aussi l’honneur de sa femme ? interrompit le commandeur.

— Vous avez raison ! dit tout bas la marquise.

— Mon père ! dit-elle encore plus bas, est-ce que je n’aurais pas mieux fait d’oublier ?


xxv

À quatre heures précises, et on eût pu les entendre sonner au donjon de Vincennes, deux voitures sombres et sans armoi-