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le dragon rouge.

— Deux soufflets ! dit-il ; je les tiens pour reçus. À combien de pas ? demanda-t-il.

— Nous marcherons l’un sur l’autre, répondit le commandeur, et tirera qui voudra ; et ceci jusqu’à ce que mort s’ensuive.

— Soit ! dit Raoul. Voici mes seconds. Il frappa sur l’épaule de deux jeunes sous-officiers, deux de ces jeunes gens qui s’étaient tant moqués de lui pendant la soirée.

— Vous ferez connaissance avec les nôtres demain à quatre heures de l’après-midi au bois de Vincennes, carrefour du Grand-Chêne.

— Je vous y attendrai, dit le dragon rouge en saluant ses deux adversaires. Messieurs, ajouta-t-il après s’être tourné vers ses deux seconds, rassurez-vous, je suis bon gentilhomme. Il s’en alla, laissant la société du foyer fort étonnée de voir ainsi se conduire un homme dont ils avaient singulièrement mis en doute le courage quelques heures auparavant.


xxiv

Ce n’était pas la première fois, on le sait, que la marquise de Courtenay se rencontrait avec Raoul, le dragon rouge.

Elle rentra à son hôtel dans la plus vive agitation ; elle en dévora les marches comme si elle eut été poursuivie. Ses domestiques, qui ne l’attendaient guère qu’à minuit, selon l’usage, lorsqu’elle allait à la Comédie-Italienne, parurent fort étonnés de la voir revenir à neuf heures et demie, et plus surpris encore de ce qu’elle revenait sans le marquis ni le commandeur.