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le dragon rouge.

nommé capitaine dans la Maison du Roi ; vous pouvez m’en faire obtenir le brevet, je viens vous le demander.

Le dragon se tut.

La marquise songea à son père, dénoncé par M. de Marescreux, condamné à mort, traîné, haché, tué sur un échafaud par cette dénonciation. Ce jeune homme lui parut couvert de sang.

— Que me voulez-vous ? répéta-t-elle, les yeux pleins de vengeance, les narines palpitantes, pâle, le corps rejeté en avant.

— Je vous l’ai dit, madame la marquise, répéta le jeune homme ; je suis sous-lieutenant, je veux être capitaine. Après le ministre, vous êtes la personne la plus puissante du royaume…

— Monsieur, interrompit la marquise avec une tranchante ironie dans la voix, c’est donc moi qui dois récompenser la dénonciation de votre père, le délateur, le bourreau, l’assassin du mien ?

— Votre père, madame, aurait fait mourir le mien, j’en ai les preuves, s’il eût réussi ; M. de Marescreux, mon père, prit les devants, trahir un traître est un devoir et non une trahison, un crime, un assassinat, comme vous dites. Mon père dénonça donc le vôtre, et tous trois, votre père, le mien et mon frère aîné montèrent sur l’échafaud. Voilà le passé. Mais depuis vous êtes rentré en grâce, et moi je suis devenu sous-officier obscur, dans une milice obscure ; vous êtes entourée d’honneurs ; on vous a rendu vos biens ; les miens, — à la vérité moins grands que les vôtres, — sont sous le poids de la confiscation ; vous pouvez me les faire rendre, vous me les ferez rendre.

La marquise se leva à demi…

— J’ai bientôt fini, dit le jeune dragon. Quand vous m’aurez rendu l’honneur par un brevet de capitaine dans la Maison du Roi, quand vous m’aurez fait obtenir la restitution de mes biens, il faudra que vous m’assuriez le bonheur en me donnant votre fille Léonore en mariage…