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le dragon rouge.

Dans les deux voitures de sa suite voyageaient son médecin, son intendant, son coiffeur, un cuisinier et ses aides, une lingère, un valet de chambre et deux ou trois personnes attachées au service de sa personne.

Son voyage occupa extraordinairement par ses préparatifs inusités l’attention du monde. On se demanda si le marquis projetait de découvrir une cinquième partie du monde ou le passage au nord entre l’Amérique et l’Asie.

Lorsqu’il eut reconnu par lui-même que rien n’avait été omis de ce qu’il jugeait propre à son expédition, il fit ses visites d’adieu. Et ce fut alors seulement qu’on sut que le marquis Besson de Bès avait la ferme intention de ne pas rester moins de dix ans absent, délai jugé par lui à peine suffisant pour accomplir son vaste itinéraire. Les uns lui disaient : Monsieur le marquis, puisque vous allez au loin, rapportez-nous, s’il vous plaît, des gentilshommes moins impérieux, moins inutiles que ceux dont nous avons le bonheur d’être en possession ? Les autres, des gentilshommes apparemment, lui disaient de leur côté : Ne pourriez-vous, monsieur le marquis, vous qui allez au pays des raretés, nous rapporter à votre retour des philosophes moins ennuyeux et moins pédants ? Une jeune et charmante veuve, dont il n’avait pas voulu comprendre les intentions trop conjugales, lui dit à l’oreille et en lui pressant la main sur l’escalier : Monsieur le marquis, puisque vous devez rester dix ans en voyage, n’oubliez pas, je vous prie, de me rapporter, au retour, une mèche de vos cheveux gris. Entendant cela, une femme de chambre ajouta : Tâchez, monsieur le marquis, de vous rapporter vous-même. C’est bien le plus beau souhait qu’on puisse former en faveur de ceux qui nous quittent.

Le marquis donna une pièce d’or à la femme de chambre.

Prévenus du jour où le marquis Besson de Bès devait monter en voiture, beaucoup d’oisifs s’attroupèrent devant la porte de son hôtel du faubourg Saint-Marceau, et, quoiqu’il ne fût que