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Quand Casimire rentra chez elle, Marine courut à sa rencontre en lui disant tout essoufflée : Sais-tu ce qu’il y a, petite ? une lettre du commandeur. Tiens !

Quoique Casimire eût affecté de recevoir avec froideur, des mains de sa nourrice, la lettre du commandeur, elle se hâta de l’ouvrir dès qu’elle fut rentrée dans son appartement. Son premier mouvement, après y avoir jeté un coup d’œil, marqua le dépit de la voir si peu chargée d’écriture. Le contenu se bornait à une seule page. Que dire en si peu de lignes ? On avait été bien avare de son temps ! Mais, par un retour sur elle-même, elle se souvint des paroles glacées avec lesquelles elle avait accueilli les derniers mots d’adieu du commandeur, et elle le justifia presque au moment même où elle l’accusait.

La lettre du commandeur disait :

« Mademoiselle,

« Les Impériaux sont maîtres de Belgrade, cette place formidable occupée depuis plusieurs années par les Turcs. L’Europe chrétienne et civilisée doit ce prodigieux fait d’armes au prince Eugène, qui a renouvelé, à cette occasion, celui de l’immortel Jean Sobieski. Ecrite sous la tente du grand-visir, cette lettre vous parviendra, grâce aux moyens dont j’ai disposé,