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Une autre idée, dans ce conflit ardent, tumultueux d’idées, me fit aussitôt renoncer à ce projet de fuite. Oui, elle se tuera, c’est certain, c’est vrai, me dis-je de nouveau, mais si elle ne m’a pas vu revenir, elle peut emporter de moi en mourant, de moi qu’elle ne connaît pas, cette honteuse opinion que je l’ai volée. Oh !

Je n’hésitai plus, j’allai droit à mon devoir ; je descendis rapidement à la rue pour porter à la pauvre femme la triste nouvelle, ou plutôt l’ordre de mourir.

J’étais si pressé, si impatient de me délivrer de mon pénible, de mon cruel message, qu’en tournant un angle d’escalier avec trop peu d’attention, je m’accrochai par la chaîne flottante de ma montre à une des boules de cuivre de la rampe, accident qui en détermina, comme cela arrive presque toujours quand on est pressé, plusieurs autres à sa suite. Tiré par la chaîne, mon gilet s’ouvrit, et mon porte-monnaie, chassé de ma poche par la secousse générale, alla tomber sur le palier où mon argent se répandit. Me voilà forcé de m’arrêter pour le ramasser : cinq ou six pièces d’or, quelques pièces de moindre valeur.

C’est en les replaçant à la hâte dans le porte-monnaie, que me vint la pensée, qui ne me serait probablement jamais venue sans cela, de me demander pourquoi je n’essaierais pas de réparer avec mon argent la