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de souffle pour articuler quelques sons, furent :

— Et pourquoi n’avez-vous pas joué pour moi, quand vous m’aviez quittée sur la promesse formelle de le faire ?

— J’ai joué pour vous, madame.

— Vous avez joué pour moi ! mais alors ?…

— J’ai perdu d’abord, j’ai gagné ensuite, et enfin quand j’ai eu rattrapé la somme que vous m’aviez remise, je n’ai plus voulu…, je n’ai pas osé recommencer.

— Et pourquoi ?

— Parce que j’ai découvert que je me trouvais parmi des voleurs.

— Qu’importe ! on continue.

— Mais…

— On vole les voleurs.

— Mais, madame…

— Le beau crime !

L’exaltation toujours croissante de cette femme se termina par cette explosion.

— Ah ! si je savais voler au jeu !

Le croirez-vous ? ce mot inouï, qui eût dû me faire reculer, eut sur moi un effet tout différent.

Elle compléta ainsi sa redoutable exclamation :

— Oui, si je savais voler, je monterais là-haut, tout là-haut, dans cet enfer, et je ferais comme les autres :