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Je marchais donc, juste à l’heure où nous sommes en ce moment, à travers tous ces frissons, pour me rendre chez moi, quand, arrivé ici même, je fus surpris de voir l’étage que je vous ai montré tantôt si obscur, éclairé cette nuit-là à ses huit croisées, mais éclairé à profusion, comme si nous eussions été en pleine sécurité, Louis-Philippe faisant son whist avec M. de Montalivet, et M. Guizot préparant une improvisation destinée à répondre le lendemain à un discours de M. Ledru-Rollin ou de M. Odilon Barrot.

Quelles gens pouvaient donc prendre tant de plaisir, s’abreuver de tant de joie, quand, ailleurs, et ailleurs c’était partout à cette époque, on tendait furtivement l’oreille au bord des draps pour écouter si le rappel ne battait pas dans la rue, si on n’entendait pas des coups de fusil, ces coups de fusil que nous avons entendus pendant quatre mois consécutifs sans trêve ni merci ! si le tocsin ne tintait pas dans le lointain. Se mariait-on à cet étage ? Mais aucun mariage ne se célébrait plus dans ces jours de deuil ; tous avaient été remis à des jours moins sombres.

— Je crois deviner, dis-je, ce qui se passait à cet étage.

— Oui, vous avez deviné. Assez énergiquement poussées l’épée dans les reins par la police du règne de Louis-Philippe, les maisons de jeu se rouvraient avec